Le Conseil international de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne Internationale est un événement organisé tous les 4 ans par les militants du mouvement pour identifier où en est le mouvement aujourd’hui et pour définir la voie à suivre. Notre monde en constante évolution a généré une interaction étroite entre les gens mais il a créé des situations qui diffèrent en fonction des pays et des continents. Cette évolution a des conséquences et un impact sur le monde du travail, affectant des milliers de travailleurs, en particulier les jeunes travailleurs.
L’activité s’est étendue sur trois semaines, du 21 septembre au 9 octobre 2016. Elle a démarré avec un programme d’échange organisé par la JOC d’Allemagne, la JOC wallonne et la JOC flamande dans 5 villes importantes d’Europe, à savoir Bruxelles, Liège, Aix-la-Chapelle, Münster et Würzburg. 27 mouvements nationaux y ont participé, interagissant et partageant des informations sur les différentes réalités des jeunes travailleurs d’aujourd’hui : le travail précaire, le travail intérimaire, les migrants, les réfugiés, les chômeurs, les travailleurs informels et la discrimination au travail basée sur le genre.
Lors du programme d’échange et d’immersion, les délégués ont identifié que le « travail juste » était l’un des droits le plus fréquemment violés car une multitude de travailleurs ne sont pas protégés par la législation du travail et n’ont pas accès à la protection sociale. De nombreux jeunes travailleurs ont un emploi précaire ou sont au chômage, et l’économie informelle a fortement tendance à croître. Les offres d’emploi manquent sur le marché du travail, entraînant une migration des jeunes et une forte concurrence au sein de la main d’œuvre, donnant ainsi lieu à une plus grande insécurité de l’emploi, à de bas salaires, à de longs horaires de travail et à un manque de liberté d’association. Toutes ces situations privent les jeunes de leur dignité de travailleurs et d’êtres humains.
Les avancées technologiques conduisent au remplacement des personnes par des machines et des robots. Les processus de production et les travailleurs sont destinés à servir l’insatiable appétit des capitalistes qui veulent produire plus que ce dont le marché a besoin. Ce sont les sociétés transnationales qui définissent les objectifs de production et de consommation. Leur but est la domination économique totale du monde. Ces firmes ont un grand pouvoir d’influence sur les gouvernements et certains États ne contrôlent plus les réglementations économiques, par exemple dans les zones franches d’Amérique centrale et d’Asie.
La culture de la consommation et de l’individualisme
Aujourd’hui, la vie de beaucoup de jeunes est marquée par l’individualisme et le consumérisme. Les jeunes s’écartent des pratiques collectives et solidaires. L’argent devient le centre de la vie et la mesure de la qualité de vie. Les mass media mettent la pression sur les jeunes, les poussant à se faire concurrence et les encourageant à consommer.
Cette nouvelle tendance cherche à éliminer l’identité de classe ouvrière. Elle incite à une nouvelle identité, celle de consommateurs, de professionnels ou de citoyens du monde. Elle fait perdre la vision de l’avenir, augmentant le désir de tout avoir « maintenant ». La satisfaction et le plaisir sont imposées comme style de vie.
Les jeunes travailleurs et la lutte des classes pour une société nouvelle
En dépit de la forte répression et des nombreux défis à relever, les jeunes travailleurs et la JOC continuent de résister à cette exploitation néolibérale sur les lieux de travail, dans les groupes de base, tant au niveau national qu’international. Bien que la JOC soit affaiblie dans certains pays, elle existe toujours et cela nous remplit d’espoir. Nous avons vu la résistance et les mouvements de grève organisés lors d’actions menées par la JOC d’Indonésie, la JOC des Philippines, la JOC du Gabon, la JOC wallonne, la JOC flamande, la JOC d’Allemagne, la JOC du Venezuela, la JOC du Pérou et dans de nombreux autres mouvements nationaux luttant contre la précarité de l’emploi et le chômage, appelant à un travail juste et à de meilleures conditions de vie et de travail.
Un engagement continu du Conseil international de la JOCI
La JOCI n’a jamais cessé de croire que les jeunes travailleurs ne devraient pas être remplacés par des machines et qu’ils ne devraient pas avoir peur de la violence causée par l’argent ou le manque d’argent. Les jeunes travailleurs valent plus que l’argent, ils valent plus que tout l’or du monde. Les êtres humains, non pas le profit, doivent être placés au centre du développement et de la production. L’argent ne devrait pas être une jauge mesurant la dignité de la vie.
Il faut promouvoir et protéger l’égalité entre les êtres humains, indépendamment de leur genre, de leur race, de leur nation ou de leur couleur. La JOC doit renforcer l’espoir et appeler tous les jeunes travailleurs, où qu’ils se trouvent, à bâtir une société nouvelle, plus humaine et plus digne. Le besoin de changement dans la réalité et le système est urgent. Chaque jeune travailleur devrait assumer la responsabilité de participer à la solution.
Notre action et la voie à suivre
Le Conseil international a convenu de poursuivre le travail sur les questions fondamentales suivantes :
a) Le travail précaire
b) La flexibilisation et l’externalisation
c) Le travail informel
d) Le chômage des jeunes
e) Les jeunes migrants et réfugiés
f) Le travail juste (salaire minimum, santé et hygiène au travail, liberté d’association)
g) Egalité des genres
À travers l’engagement persistant des militants de la base, à travers une coordination renforcée aux niveaux national, continental et international, nous n’épargnerons aucun effort pour sensibiliser tous les jeunes travailleurs et pour les former. L’action de nos groupes de base garantira un changement dans les conditions de vie et de travail des jeunes travailleurs et elle développera l’engagement en faveur de transformations structurelles au sein de la société, pour un développement humain intégral.
Afin de coordonner nos actions aux différents niveaux, nous avons élu les militants suivants qui constitueront l’Equipe internationale :
Secrétariat international :
Présidente internationale : Sarah Prenger (JOC Allemagne)
Secrétaire général : Orlando Machado (JOC Venezuela)
Trésorier international : Andy Predicala (JOC Philippines)
Aumônier international : Père Pedro Norman Soriano MJ (JOC Philippines)
Coordinateurs continentaux :
JOC Asie Pacifique : Nanang Ibrahim (JOC Indonésie)
Ravi Jayaprakash (JOC Inde)
Leizyl Salem (JOC Philippines)
JOC Amériques : Luis Vargas (JOC Venezuela)
Antonio Adrian Zena (JOC Paraguay)
JOC Afrique : Basma Louis (JOC Égypte)
Doriabelle Yongala (JOC Gabon)
La JOCI, aux côtés des mouvements sociaux, populaires et syndicaux, doit regagner son autonomie en tant que nouveau pouvoir pour contrer la domination capitaliste de la société.
Nous continuerons de crier : « Nous sommes jeunes, nous sommes travailleurs, nous luttons pour nos droits ». Nous n’aurons de cesse de nous battre jusqu’à ce que la victoire soit au bout du chemin.